Mission Flash Urgences : NON aux mesures qui restreignent l’accès aux soins ! Il nous faut des lits, du personnel, et des augmentations de salaires !

ARS ou RAS ?

Les Agences régionales de santé sont des structures qui ont pour mission l’organisation du système de santé dans les régions.

Elles sont censées informer la population sur la réponse à ses besoins et sur les ressources disponibles. Face à la situation de crise que connaissent les hôpitaux, notamment au niveau des services d’urgence et des maternités, elles organisent régulièrement avec les responsables administratifs et médicaux des établissements des réunions de crise depuis plusieurs mois. Elles permettent de faire l’état des lieux, de remonter les difficultés rencontrées et d’essayer d’y répondre. Alors que les comptes-rendus de ces réunions intéressent au premier chef la population des territoires concernés, elles pratiquent la politique du secret et du rien à signaler.

En effet, certains directeurs d’ARS de sont inquiétés de la publication d’informations sur les fermetures des services d’urgences et exigent la confidentialité aux personnes qui participent à ces réunions de crise. La stratégie de la dissimulation de la gravité de la situation est inacceptable. Il ne s’agit pas de « secret défense » mais bien de la sécurité de la population et les citoyens sont légitimement en droit de bénéficier en temps réel de ces informations, notamment quand les urgences de leur hôpital de proximité ferment brutalement pendant 24 ou 48 h, voire plus. Il n’est pas possible de faire soi-disant appel à la « responsabilité » des citoyens en leur demandant de ne pas se rendre directement aux urgences sans avoir au préalable appeler le 15 et refuser d’informer sur la réalité de terrain. Ceci est d’autant plus scandaleux que de nombreux politiques et une partie des médecins veulent culpabiliser les « mauvais citoyens » qui abuseraient du système en prenant un malin plaisir à se rendre aux urgences pour ce qu’ils nomment de la « bobologie ».

Il faut savoir que cette appellation ne correspond à aucune réalité médicale et que très souvent le patient n’a ni les informations, ni la formation pour faire la différence entre une urgence ressentie et une urgence réelle. Des progrès pourraient être fait dans ce domaine, mais le manque de médecins, leur manque de temps mais aussi il faut bien le dire l’absence de volonté et/ou de formation pour faire ce qui est appelé l’éducation du patient, montre bien que les principaux responsables ne sont pas les patients ! J’ai même entendu une élue de la majorité évoquer la nécessité de « rééduquer les patients ». Parole bien malheureuse qui renvoie à de tristes souvenirs. Ma réponse immédiate et brutale à cette dame est que ce serait plutôt elle qui devrait bénéficier de ce qu’elle propose. Ce qui est encore plus intolérable est que certains médecins tiennent le même discours. Je voudrais rappeler à mes confrères qu’ils devraient relire le code de déontologie et le serment d’Hippocrate avant de parler.

Enfin la loi s’appliquant à tous, il est bon de citer l’article R4127-47 du Code de la santé publique qui précise : « Quelles que soient les circonstances, la continuité des soins aux malades doit être assurée ». Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, syndicaliste CGT.

Le ministre de la santé et de la prévention a lancé ce jeudi 4 août un « comité de suivi de la mission Flash Urgences ». Il annonce déjà son objectif de pérenniser certaines de ces 41 mesures temporaires, ainsi qu’une conférence, à la rentrée, de « rénovation du système de santé ». La veille, en déplacement au CHU de Nantes, le ministre avait déclaré à la surprise générale qu’aucun service d’urgences n’était fermé actuellement ! De tels propos, inacceptables et mensongers, n’auguraient rien de bon pour la réunion du comité de suivi de la mission Flash du lendemain ! Et ce, alors même que Samu Urgences de France annonce 42 services fermés et 95% des services en difficulté. Sans oublier que le ministre en fut le président avant sa prise de fonction !

En effet, le ministre a continué à nier la réalité en se félicitant de rencontrer lors de ses déplacements des « professionnels de santé heureux », ayant « bien pris en main les mesures de la mission Flash », alors que la situation dans nos établissements n’a jamais été aussi critique. La CGT a d’ailleurs pu citer plusieurs événements graves induits directement par l’application de ces mesures, engendrant défiance et colère parmi les personnels.

La CGT a dénoncé la campagne nationale choquante indiquant aux usagers de ne plus se rendre directement aux urgences et a rappelé son désaccord total avec ce dispositif dangereux. Les effets du tri des patients par appel systématique du 15 provoquent un engorgement sans précédent des Samu, les délais d’attentes pour avoir l’avis d’un médecin s’allongent de plusieurs heures. Les Assistants de Régulation Médicale, pas assez nombreux, pas assez
formés, se retrouvent submergés d’appels, au risque d’une perte de chance réelle pour les patients.

La dégradation de l’accès aux soins s’accélère pour la population, Le gouvernement profite de la crise des urgences pour accélérer la transformation du système de santé au bénéfice de structures privées et d’acteurs libéraux, l’hôpital public devenant progressivement une solution de dernier recours. On ne peut que douter de la volonté du ministre de stopper la fuite des personnels et de faire revenir les milliers de collègues qui ont quitté l’hôpital, puisqu’il renvoie la problématique de titularisation des contractuels à des accords locaux dans les établissements. De même que la revalorisation de l’indemnité de nuit pour cet été (entre 0,34 et 2,52 euros) n’est pas à la hauteur des enjeux !
Il faut stopper le tri des patients à l’entrée de l’hôpital, augmenter partout les effectifs par un grand plan de formation et de recrutement, augmenter significativement les salaires. Il faut stopper les restructurations d’établissement et exiger la réouverture immédiate de lits d’hospitalisation. Le ministre doit donner les moyens pour permettre un accès libre
aux urgences 24h/24 et sur l’ensemble du territoire !
La situation est grave ! Le ministre doit répondre aux revendications urgentes réclamées par tous les hospitaliers par :

  • Un plan national de titularisation des 250 000 contractuel.le.s de la FPH,

    • La réintégration des suspendu.e.s,

    • La hausse des salaires de 20%,

    • La revalorisation conséquente des indemnités de nuit, de dimanche et jour fériés…

    La Fédération CGT Santé et Action Sociale le répète depuis des mois, le Ministre peut le décider dès maintenant !

 

 

CGT-CHAG / SEPTEMBRE 2022

Imprimer cet article Télécharger cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *